Dans une certaine mesure, les chansons de Pourquoi battait mon cœur sont plus enjouées que d’habitude…
Quand on fait un nouvel album, il est préférable de ne pas faire la même chose que ce que l’on a fait avant. Ici, j’avais deux idées. D’une part, la thématique des textes, car je ne faisais que de la chanson intimiste, un peu triste, voire sur le deuil. Et même si je ne sais pas faire grand-chose d’autre que d’écrire des chansons d’amour, il fallait arrêter d'écrire sur des gens morts. Trois albums, c’est suffisant pour ouvrir le sujet ! Cela ne me dérange pas d’être le chanteur qui pleure, mais c’est aussi bien de se détacher de cette image-là.D’autre part, je souhaitais faire un album de chansons qui soit moins acoustique, plus électro - mais sans que ça fasse remix, ce qui est un risque. J’ai travaillé avec Jean-Philippe Verdun, qui vient de l’électro (avec notamment son projet Ready Made), et qui a su habiller les chansons d’électro.
On pourrait même dire que l’album est plus dansant…
J’espère ! J’aime les chansons qui font danser, que l’on interprète en dansant, et ce genre de chansons met en valeur les balades. « Je veux » annonçait ça, même si c‘était un morceau très à part dans 33 Tours, qui, comme son nom l’indique, était très acoustique, et qui était la suite des Chansons d’Amour. Ici, l’identité visuelle est différente : la pochette est rouge, je ne suis pas en costume… je suis plus dans l’énergie.
On vous y entend aussi engagé - si ce n’est politisé ?
En récupérant des affiches pour le clip de « Au Départ », on a rencontré des personnes de Solferino. Ils voulaient utiliser la chanson, sauf que c’est une très mauvaise idée, car c'est une chanson qui n’est pas engagée. Elle traite avant tout de la désillusion. Comme « Je réponds toi », qui réfute les valeurs travail, famille, patrie, qui nous rappelle une bien sombre époque, et donc je réponds toi, c’est-à-dire une histoire d’amour personnelle. On est passé de mai 68, les politiques vont nous sauver, la notion de collectif, à nos petites histoires d’amour étriquées - le seul espoir qui nous reste. Je suis citoyen, j’ai un engagement qui est celui d’aller voter. Cependant, mes chansons engagées sont avant tout des chansons d’amour.
Toujours fidèle à Christophe Honoré, qui sort bientôt son nouveau film, Les Bien-Aimés ?
Parallèlement à l’écriture de son scénario, j’ai écrit 14 chansons, au fur et à mesure qu’il m’envoyait les scènes qu’il avait écrite. Ce qui est l’inverse des Chansons d’Amour, que j’avais déjà écrites et qui avaient d’ailleurs inspiré le film à Christophe. Ensuite, on enregistre avec les acteurs, puisqu’ils chantent en play-back sur le tournage. Faire chanter les acteurs, c’est beaucoup de travail, de répétition… Puis j’ai enchaîné sur mon album. Plus un projet d’opérette pour lequel j’ai écrit 18 chansons. Je suis un peu fatigué, mais cela a été très agréable de faire un an et demi d’écriture… La scène sera comme une récompense.
Vous avez été très inspiré…
Cette année, j’ai eu la chance d’écrire facilement des chansons alors j’en profite, car je sais que cela ne peut pas durer. Je suis persuadé qu’à un moment donné, les chanteurs deviennent secs. C’est rare de continuer à écrire.
L’histoire d’amour idéale ?
L’idéal, c’est quand on ne s’y attend pas. Plus on cherche et moins on trouve : c’est une vérité. Le jour où l’on rencontre quelqu’un, on n’y peut rien, on se fait embarquer. C’est aussi lorsqu'une histoire qui se termine bien, sans rancœur, sans regrets, sans déception. Mais c’est rare : même si on se quitte bons amis, c’est dur de se rendre compte que ce n’est plus rien, tout ce qu’on l’a aimé très fort. Etre dans le compromis, je trouve ça dommage. Et des histoires d’amour, j’en voudrais quarante !
Texte: Sophie Rosemont Photo: Philippe Mazzoni
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