Pourquoi et comment décide-t-on de se consacrer uniquement à la musique?
Moi c'est un concours de circonstances. J'ai rencontré mon producteur Benjamin Salem, qui, par hasard, m'a fait chanter sur quelques pubs. J'avais le désir secret de faire un album mais je n'osais pas trop y penser, j'insinuais le truc doucement genre "ce serait trop cool que je fasse un album" puis on a fini par me le proposer. A partir de là, j'ai lâché mon activité dans le cinéma et c'est devenu ma priorité.
Quels sont les artistes qui vous ont donné envie de faire de la musique et, mieux encore, de monter sur scène?
J'ai toujours fait de la musique, mon père écoutait beaucoup de musique et faisais du piano... Assez mal ! Mais c'était quelque chose de très présent dans mon enfance. Je me souviens très bien de ma première émotion musicale : un vinyle de flûte de pan. Je me souviens m'être dit "c'est tellement beau". Je rentrais seul chez moi dès le CP et mes parents ne rentrait pas avant 20h, donc je passais mon temps à écouter des disques avec le son à fond. Quand c'était des lives, je mimais tout les instruments. Que des bons souvenirs ! Je crois que c'est tous les artistes de cette période qui m'ont formés. Il y avait Kate Bush, Peter Gabriel, Talk Talk mais aussi du Gainsbourg.
Quelle était l'ambition artistique de ce premier album? Aviez-vous une idée précise en tête?
A l'origine, je voulais faire un truc sur l'adolescence mais, très vite, c'est devenu quelque chose de beaucoup plus complexe. Avec d'un côté mes passions (ésotérisme) et convictions (politiques et scientifiques) d'adulte et de l'autre beaucoup de flashback de l'enfance ; et au milieu, ces sentiments adolescents de la rébellion, de la passion amoureuse, de la détresse. Cette espèce d'intensité permanente noyée dans le mal-être, et de laquelle on veut s'échapper à tout prix - quitte à rêver de pays imaginaires comme ceux de mes deux derniers clips.
Votre dernier coup de coeur artistique?
Julia Holter. Je suis tellement frappé par la liberté qu'elle s'octroie, que ce soit en terme de structure, de format des chansons et des thèmes abordés, tout ça avec une grâce incroyable. Sur le dernier album elle a vraiment travaillé avec des références pop, on entend les influences (ce que j'adore évidemment) mais elle fait ça avec tellement de personnalité. C'est très très fort.
Texte: Sophie Rosemont Photo: Philippe Mazzoni
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