Bonjour Adam. Comment ça va ?
Je passe deux jours à Paris et ce soir, je repars à Londres avant de rentrer à New York. Et je serai de retour en janvier pour la sortie de l’album. Je suis content d’être là, l’Hôtel Amour est cool et la nourriture y est très bonne.
Comment s’est fait Minor Love?
Minor Love a été enregistré à Los Angeles sur les collines d’Hollywood. Nous sommes restés dans cette maison pendant 4 semaines. Je dormais au studio quasiment tous les jours. Avec Noah Georgeson qui a travaillé sur l’album avec moi, nous avons carburé sur le tracking. C’est la première fois que je joue de la batterie sur un album, ce qui contribue à donner un son différent à l’enregistrement.
Après une passe difficile, comment t’es-tu motivé à faire ce nouveau disque ?
L’été dernier, je devais écrire de la musique pour une pièce allemande, basé sur une nouvelle de Paul Auster. Le tout était très porté sur la musique classique… et compliquée ! C’était un exercice de style auquel je m’étais plié pour ce projet. J’ai donc approché l’enregistrement de Minor Love de façon très simple. C’était très libérateur de simplement jouer de la guitare comme un musicien de folk lambda.
Comment réussis-tu à manager une orchestration si riche avec une production si épurée ?
C’est plus lié à la technique que j’ai acquise au fil du temps, car il y a au moins quatre enregistrements, tous faits séparément. C’était mieux d’introduire chaque instrument par des séquences de cinq secondes, par exemple avec de la clarinette, puis avec de la batterie. Nous avons aussi utilisé une Tympanie à la place d’une batterie lambda. Et utilisé quelques autres artifices…
Ce qui peut donner un côté d’autant plus authentique…
Tout à fait. Très jeune, j’ai abordé la musique comme un travail d’art plutôt que de la musique pop. Je n’ai pas été élevé avec la radio, pas du tout, mais par des tonnes de disques, les miens et ceux de mes parents. J’écoutais aussi beaucoup de musique psychédélique… que j’apprécierais différemment maintenant. Ce qui ne veut pas dire que je prenais des champignons hallucinogènes, attention !
« Lockout » possède un petit côté klezmer non négligeable, non ?
Oui, j’ai écouté de la très bonne musique en Hongrie, j’y ai vu de très bonnes prestations live. Mais niveau influences, Thelonious Monk et Django Reinhardt sont très importants pour moi. Ils ont particulièrement affecté mon approche de la guitare, notamment pour des solos. Même si je ne brille pas par ma technique !
Comment écris-tu tes chansons ? Avant ou après la composition ?
En chantant, il suffit que je sois dans le mood et cela devient une chanson. Un café, une clope et on se laisse aller. Sur Minor Love, un quart des chansons n’était pas encore fini au moment de l’enregistrement. Parfois je sortais pour aller dans mon sanctuaire, c’est-à-dire ma chambre, et tout collait parfaitement à mon retour.
L’humour est-il toujours aussi important à tes yeux ?
Oui, l’humour reste, mais le poids des années transparaît. J’ai fait une psychothérapie, j’ai été mal, très mal, j’ai même du passer quelques jours chez mes parents. Ils sont adorables, mais c’est terriblement dur d’être avec eux...
Toutes ces expériences donnent-elles d’avantage de sens à l’album ?
C’est important qu’il y en ait, toujours. D’ailleurs un album ne doit pas être craché comme du vomi. Le disque doit être un cadeau pour l’auditeur. Je peux admirer le rock noisy, par exemple, mais ce n’est pas mon truc. Je préfère la technique lyrique et la poésie, lorsqu’il n’y a pas de distorsion.
Pourquoi ce titre, Minor Love ? Rapport à l’art mineur dont parlait Serge Gainsbourg ?
« Minor » pour que les gens sachent que ces chansons ne sont pas effrayantes – même si elles peuvent signifier beaucoup. Il n’y a de rapport direct avec Gainsbourg, bien que je le connaisse, et que j’aime beaucoup son travail… D’ailleurs il peignait, je crois, comme moi.
Quel type de peinture t’influence ?
J’aime Raoul Duffy, Goya, Fernand Léger, le fauvisme, le pop art, les cartoons, les peintres hollandais du XVIIe. Ah, et Francis Bacon, bien sûr !
Tu es venu à Paris en septembre 2009 pour un concert avec Carl Barât, au centre Pompidou… Comment c’était ?
Je suis très déçu de ne pas avoir été aussi bon que prévu. À la troisième chanson, j'ai perdu ma voix. Mon groupe et moi avons changé le programme que nous avions répété et au dernier moment, nous sommes passés en acoustique. Et puis j’ai du emprunter une guitare car la mienne était cassée. Tout ça mélangé à un peu d’alcool… Je veux vraiment faire mieux la prochaine fois… Bref, le principal est que Carl ne m’en veuille pas aujourd’hui.
Quelles sont les chansons de Minor Love qui t’ont le plus marqué ?
D’abord « Breacking Locks », enregistrée avec un vieux microphone pour la radio, je voulais lui donner un cachet country song. J’ai utilisé le hand radio des camionneurs. Pour « Don’t Call Me Uncle », je suis allé dans le désert. J’étais accompagné d’un musicien qui voulait voir les terrains de golfs dans le désert d’Arizona… mais personne ne joue du golf ! Bob Marley et les Wailers ont été une grande source d’inspiration pour « Goblin ». Quant à « It’s A Coming Down Song », c’est ce qui définit la fin de quelque chose. La chanson dévoile le secret de mon dégoût de la cocaïne…
Comment définir ton travail ?
J'écris pour me relaxer. Pour me satisfaire. C’est comme une pulsion, comme lorsque je me masturbais plus jeune… mais en plus élaboré.
Texte: Sophie Rosemont Photo: Philippe Mazzoni
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