Bandes Sonores
Gangoffour

 

Quand êtes-vous arrivé sur Paris ?

ANDY GILL: Ce matin, de Bruxelles. J’aime cette ville : dans les bars, on peut fumer tranquillement. Je n’y croyais vraiment pas, j’étais impressionné quand je suis arrivé là-bas. John me rejoint demain et nous allons à Berlin. Mais bon, c’était mieux quand il y avait le Mur…

Dans l’ensemble, c’était mieux avant ?

ANDY: Dans les années 70, c’était la crise, il y avait beaucoup de grèves en Angleterre. Le gouvernement a mis du temps à régler ces problèmes. À l’époque, nous étions pauvres, nous vivions dans des villes de merde. Des villes charbonnières, dont tout les boulots sont partis en Asie. L’extrême droite montait en puissance, il y avait beaucoup de chômeurs. Ils cherchaient la bagarre avec nous car nous étions des musiciens, des homosexuels, des artistes bohémiens.. C’était un peu Il était une fois dans l’Ouest, avec une atmosphère encore plus sombre et violente.

Et puis il y a eu les années 90…

ANDY: Depuis les années 90, tout a été reconstruit et tout a brillé. Les années qui ont suivi les eighties, les gens ont gagné beaucoup d’argent. Mais là, l’argent disparaît à nouveau. Et la politique se doit d’être austère, calculatrice, précautionneuse. Nous sommes tous impliqués dans les problèmes de ce monde capitaliste, nous y sommes tous impliqués. Car tout le monde possède un compte en banque, n'est-ce pas? Rien n’est vraiment simple, et nous ne pouvons nous contenter d’une analyse marxiste dépassée aujourd’hui.

Pensez-vous toujours faire des protest songs ?

ANDY: Dans un sens, oui ! Même si tout le monde ne le reconnaîtra pas.

Vous êtes devenus des icônes, beaucoup vous ont copié… comme les Red Hot Chili Peppers?

ANDY: C’est vrai, le son de la guitare, le rythme des percussions… Les Red Hot se sont bien servis ! Tiens, j’ai rencontré une fois Flee à Londres, et il m’a charrié en me demandant pourquoi je ne les avais pas poursuivis. Peut-être que j'aurais du?

Etes-vous un groupe dit politique ?

ANDY: Si on oublie la politique et si on ne fait que décrire ce que l’on voit, on n’aborde pas les choses intéressantes. Je ne parle pas de cœurs brisés. Notre but est vraiment d’éviter les clichés… pas comme Coldplay. C’est trop adolescent pour moi. Même si Gang of Four ne sera jamais la bande-son d’une pub pour un parti, et que nous nous ne lèverons jamais le drapeau rouge sur scène, nous essayons simplement de comprendre comment les choses fonctionnent.

 

Texte: Sophie Rosemont Photo: Philippe Mazzoni


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