
Votre musique est inclassable, ou presque. C'est fait exprès?
Un petit peu. Même à nos tout débuts, notre musique était du hip hop plutôt énervé, mais loin d'être pur dans le genre. Nous venons d'horizons musicaux différents et nos goûts musicaux sont très larges: nous nous inspirons aussi bien de groupes qui sonnent rock qu'électro.
Comment réussir à être un groupe indépendant aujourd'hui?
C'est difficile. Il y a un million de groupes, trois millions de labels et, au fil que les années passent, tout se concentre de plus en plus autour d'un seul distributeur (Apple). Il y a tellement de groupes qui vont et viennent si rapidement, que la plus importante chose à faire c'est de proposer une esthétique différente, et de faire la meilleure musique qu'il soit. Et si tu peux faire les deux en même temps, c'est préférable. Mais les groupes indie d'aujourd'hui doivent aussi penser au business. Il faut savoir prendre des décisions rapides et intelligentes, et maîtriser les rouages de l'industrie musiscale.
Et si No Surrender était un film?
Si No Surrender était un film, il serait dirigé par Spike Lee, Teery Gilliam ou Mario Bava Togetiher. La bande originale serait signée par Tangerine Dream, Prince, Gregory Isaacs avec des interventions de Chuck D. On essaierait de faire un film de trois heures à partir d'un script de deux pages! Ce serait une histoire d'amour en temps de guerre... Un histoire de la pauvreté dans un pays de riches, qui révèlerait la beauté des choses simples de la vie. La faim deviendrait un éclat de rire. Et la souffrance se transformerait en plaisir.
Texte: Sophie Rosemont Photo: Philippe Mazzoni
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Pourquoi remplir le vide avec sa propre vacuité?
Parce que j'aime les paradoxes, les pléonasmes. Parce que je serais curieuse de pouvoir ressentir ou voir à quoi ressemble la vacuité des autres, des gens, tout comme j'aimerais voir comment ils remplissent le vide.
Comment enregistrer un (aussi bel) album?
Benjamin Mandeau est celui qui a enregistré cet album, je suis incapable d'enregistrer seule, j'ai besoin de quelqu'un en studio qui comprenne ce que j'ai dans la tête et qui ait les connaissances techniques permettant de concrétiser mes idées. J'entends ce que je veux mais je ne sais pas le créer techniquement. Je peux seulement l'expliquer, le décrire.
Pourquoi s'appeler le Prince Miiaou?
Pourquoi pas...? C'est un choix très trivial, c'est un nom que j'ai choisi le jour où j'ai créer ma page MySpace. Si je l'avais créé une semaine après ou une semaine avant, j'aurai peut-être choisi un autre nom... Au-delà de ça, je crois que j'aimais l'idée de brouiller un peu les pistes, d'avoir un nom de projet masculin alors que je suis une fille...
Texte: Sophie Rosemont Photo: Philippe Mazzoni


Quel est le disque que vous avez le plus écouté étant enfant?
C'est une question assez difficile. Quand j'étais tout petit, mon père en écoutait beaucoup dans son bureau. Ce que je peux dire c'est que mon premier souvenir de mélodie, c'était le thème de la bande originale du film Furyo, composée par Ryuichi Sakamoto. La première pochette qui m'a marquée c'est celle de Led Zeppelin II, et le premier tube que j'ai eu envie de chanter ça doit être "True Colors" de Cindy Lauper.
Comment avez-vous créé My Broken Frame?
J'ai longtemps fait de la musique dans ma chambre sans oser la jouer devant des gens. L'histoire a commencé avec les open mics au Pop In, un bar dans le 11 ème arrondissement où je me suis enfin risqué à faire entendre ma musique en live. Et puis j'y ai pris goût, j'y suis venu chaque semaine et Erwan Broussine, du label Waterhouse Records, a eu l'idée de faire une compile avec un certain nombre de musiciens qui venaient. Entre temps, j'ai créé un groupe, Go Go Charlton, plus rock. Le studio d'Erwan était super mais petit, avec impossibilité d'enregistrer de la batterie. J'y ai donc enregistré des chansons plus intimes, que je jouais seul. Alors qu'on avait prévu d'en enregistrer un seul titre, on s'est retrouvé avec 10 morceaux ! C'était la matière brute de mon premier disque, Chapel Hil, sorti en mai 2007.
Pourquoi ce nom ?
C'est un clin d'oeil à Depeche Mode et à l'album A Broken Frame, très sombre, très minimale, comme mes débuts - ça reflétait bien mon état d'esprit de l'époque. J'aimais aussi cette idée de cassure comme origine de mon envie d'écrire des chansons.
Votre musique est à la fois rustique et onirique, comment trouver le juste équilibre?
J'aime beaucoup le songwriting des 60's et des 70's. Notamment celui des artistes comme Van Morrison, David Crosby, Neil Young... Et en studio je n'utilise du coup que des instruments vintage. Et en même temps je suis très inspiré par les rêves, les sensations étranges, les ambiances vaporeuses. J'aime quand la musique nous sort de notre quotidien, nous emmène dans un ailleurs.
Texte: Sophie Rosemont Photo: Philippe Mazzoni
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Surfing The Void ne fait pas dans la dentelle. Dans quel état d’esprit l'avez-vous écrit ?
Jamie Reynolds : En 2009, après avoir joué à des festivals comme Rock en Seine et à Glastonbury, nous nous sommes sentis comme rajeunir. Et nous avons soudain réalisé que ce qui avait fait de nous un grand groupe et cela nous a permis d’aborder nos sessions d’écriture avec beaucoup d’énergie et de motivation. Le jeu avait repris de plus belle…
Et qu’est-ce qui a fait de vous un grand groupe, justement ?
James Righton : Nous nous impressionnons beaucoup depuis le début, les uns les autres (rires). Cela nous a beaucoup surpris lorsque nous étions en studio. Nous écoutions chaque bande les unes après les autres : celle de la guitare, de la batterie, de la basse… et à chaque fois cela faisait comme exploser nos esprits, c’était vraiment très impressionnant ! Nous sommes dans une émulation constante.
Simon Taylor-Davis : Et nous savons travailler dans le secret : rien ne devait sortir de la pièce où nous nous sommes réunis pour concevoir l’album. Mine de rien, cela aide à entretenir un certain mystère… et à nous concentrer au maximum.
Avant même la sortie de Myths Of The Near Future, on vous a étiqueté groupe de new rave, et même chef de file du mouvement. Etait-ce quelque chose que vous recherchiez, que vous travailliez depuis vos débuts ?
Jamie Reynolds : Le groupe est né en 2005, quand Simon et moi nous nous sommes rencontrés grâce à une connaissance commune, à Londres. Nous avons ensuite recruté un de mes copains d’école, James. Tout s’est fait assez vite, sans qu’on ait pu réfléchir vraiment à quoi que ce soit. Notre premier concert, c’était en octobre de la même année.
James Righton : Nous ne savions franchement pas trop ce que nous étions en train de faire, et nos premiers concerts étaient vraiment chaotiques. Pourtant, les gens ont aimé, aussi bizarre que cela puisse paraître. Un jour, Jamie a parlé en plaisantant de « new rave », et des amis d’amis ont commencé à venir à nos concerts avec des cornes de brume et des bâtons lumineux ! Tout le monde s’y est mis. Le mouvement s’est alors formé tout seul, sans que nous y soyons pour grand-chose…
Là, ça a été un peu la folie, la presse et le public se sont jetés sur vous…
Jamie Reynolds : Oui, nous n’avons pas vraiment compris ce qui se passait… Une fois de plus ! Mais nous avons aimé cette folie, même si il a fallu un peu calmer le jeu à un moment donné, pour pouvoir progresser. Trois ans pour faire un second album, cela a été très efficace ! (rires)
Etes-vous toujours aussi proches les uns des autres ?
James Righton : Aujourd’hui, nous sommes un groupe au sens propre du terme, plus qu’un simple concept de groupe... ce qui change tout. Nous avons appris à vraiment travailler ensemble, à partager le bon comme le mauvaise. Notre amitié est solide comme elle ne l’a jamais été : nous sommes vraiment soudés maintenant, rien ne peut nous séparer.
Simon : Cela peut paraître un peu mièvre, mais c’est la pure vérité !
Pourquoi ce choix de titre d’album, Surfing The Void ? Encore un trait caustique de votre part ?
Jamie Reynolds : Cela résume ce que nous faisons, tout simplement ! Nous surfons sur le vide… (rires)
James Righton : Plus sérieusement, cela résume nos trois dernières années passées, tout en parlant de notre situation actuelle. Le vide, c’est aussi comme un souffle. C’est une véritable libération, où les ennuis et les problèmes s’évaporent et disparaissent.
Jamie et James, vous écrivez les textes des Klaxons. Quelles ont été vos inspirations pour Surfing The Void ?
Jamie Reynolds : C’est assez personnel car cela vient de nos impressions respectives de notre premier disque. Cela nous a pris du temps de savoir ce que nous voulions transmettre, et à titre collectif, car il faut vraiment pénétrer l’esprit de chaque membre du groupe pour savoir exactement le feeling qu’on veut faire passer. Joie, tristesse, énergie, violence…
James Righton : À la fin, quelqu’un doit à un moment se décider sur quelque chose, et fixer la mélodie à partir de laquelle nous allons caler les paroles.
C’est Ross Robinson qui a produit l’album, et ça s’entend. Comment s’est déroulée votre collaboration ?
James Righton : Ca a été incroyable. Avec lui, tout prenait sens et faisait disparaître les problèmes et les détails futiles. C’est un homme doux, adorable, lumineux…
Simon Taylor-Davis : Il a eu une vie hyper remplie, c’est un véritable workaholic. S’il ne travaille pas, il devient fou. Il a vraiment un mode de vie très sain, tout est sobre chez lui… sauf la musique (rires) ! Il nous a encouragé à veiller sur nous-mêmes par rapport à notre alimentation, notre consommation d’alcool… Cela nous vraiment enrichi et cela a indirectement influencé l’ensemble de l’album.
Ross Robinson vit du côté de Malibu… Surfing The Void, c’était un peu « Surfing In The U.S.A » pour quatre Anglais comme vous ?
Jamie Reynolds : Un peu… Il a son propre studio dans sa maison en Californie, et nous y sommes restés quatre mois !
James Righton : Nous avons habité sa maison qui donne directement sur la plage ! Nous vivions à son rythme, celui du L. A. lifestyle. Quand on avait besoin de souffler, hop, on allait marcher dans le sable… C’était un rêve ! Comme toute cette aventure d’ailleurs….
Certaines chansons de l’album vous ont-elles marqué d’une façon ou d’une autre ?
James Righton : Si tout l’album nous a marqué d’une façon ou d’une autre, ce serait se mentir de ne pas dire que « Twin Flames » est une chanson exclusivement destinée aux amoureux. Incroyable mais vrai ! Sinon, « Echoes » nous a rendu plus forts et nous a permis d’assurer l’ensemble de l’album. Dès que nous l’avons écrit, nous avons su que ce morceau avait quelque chose de spécial, et qui nous a fait beaucoup de bien. C’est pour ça que nous l’avons mis en première position dans l’album.
La pochette de Surfing The Void est assez drôle. D’où vient cette idée de chat cosmonaute ?
Simon Taylor-Davis : C’était question de montrer qu’un chat est capable d’aller dans l’espace, et même d’en revenir pour dire que des conneries (rires).
James Righton : Avec l’idée que le chat va ailleurs pour chercher une meilleure place, mais que les choses ne sont pas si mal ici-bas ! (rires) Un pur délire existentialiste…
En live, vous avez une certaine réputation : vous avez notamment réussi à vous casser une jambe l’année dernière !
James Righton : Et pourtant, on ne cherche pas la théâtralité sur scène ! Nous sommes quatre mecs (avec le batteur Steffan Halperin) et il n’y a pas vraiment autre chose que notre effort commun à faire de la musique aussi bonne que puissante. Galvanisante, même.
Jamie Reynolds : Pas de jeu de lumière, pas de folies, de grimaces, et rien que ça, cela peut surprendre ! Nous essayons seulement de faire de la musique avec laquelle nous nous sentons à l’aise, et qui nous rende meilleurs, tout simplement…
Votre musique est comme faite de ying et yang, d’énergie et de profonde mélancolie…
Simon Taylor-Davis : C’est exactement ça ! Nous croyons beaucoup à ce concept du yin et du yang.
James Righton : Il y a de la spiritualité dans la musique, quoiqu’il arrive. Notre musique est plutôt violente, mais ce qui n’empêche pas nos chansons d’être malgré tout très belles.
Jamie : C’est l’harmonie qui est importante dans la beat music, il doit y avoir de la lumière et aussi de l’obscurité, et il faut trouver l’équilibre entre les deux. Trop de lumière peut rendre la musique trop douce, voire mielleuse. Et trop d’obscurité c’est vite too much, en fait ! C’est ça qui fait la bonne musique : l’équilibre des humeurs et des sensations que la chanson dégage.
Texte: Sophie Rosemont Photo: Philippe Mazzoni
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Pourquoi s'appeler Misteur Valaire?
Que doit absolument posséder un album réussi ?
Un son, une couleur, des bonnes chansons et une ligne directrice...
Le meilleur moment de l'enregistrement de Golden Bombay?
Je dirais l'écoute final, où nous étions exténués mais euphoriques. Cette dernière écoute avant de rendre le produit implique un lâcher-prise, et donne l'impression d'entendre l'album pour la première fois.
Texte: Sophie Rosemont Photo: Philippe Mazzoni
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