En concert le 26 juillet aux festival Les Voix du Gaou
Education musicale respective ?
AURELIE : J’ai fait du piano classique quand j’étais enfant, du solfège… Il y avait beaucoup d’instruments à la maison. Aucun de mes parents n’était musicien, mais il est vrai que j’ai grandi dans une atmosphère assez musicale.
SYLVIE : Chez moi également, il y avait de la musique, mon père jouait de la guitare en autodidacte. Comme il n’avait aucune notion de solfège et qu’il a toujours été qu’amateur, je me suis rendu compte qu’il faisait plein de trucs bizarres... c’était drôle ! Sinon, on écoutait beaucoup de musique créole et africaine, du reggae mais aussi tous les tubes du moment…
Vos influences ?
AURELIE : Là où on se retrouve toutes les deux, c’est qu’on aime des choses à la fois très populaires, très grand public, mais aussi des choses beaucoup plus indies. On a construit notre univers sans avoir aucune chapelle de style ou de snobisme par rapport à quoi que ce soit.
Votre rencontre ?
AURELIE : Au départ, c’était complètement professionnel. On a un ami commun qui s’appelle Sébastien, et alors que je cherchais quelqu’un pour mettre en musique le texte que j’avais écrit, il m’a dit "tu devrais vraiment contacter Sylvie, je suis sûr que ca collerait super bien entre vous. Sylvie de Vendetta, tu connais ? " "Oui, j’adore !" Au départ, il y avait un côté très studieux dans nos échanges : "bonjour, voila le texte", "bonjour, je vais le mettre en musique". C’est au travers de nos chansons que nous avons réalisé qu’il y avait quelque chose de commun à toutes les deux, quelque chose d’évident. Au départ, on ne faisait que travailler ! Et puis nous avons construit cette relation d’amitié...
Et vous, tu m’aimes ?
SYLVIE : On l’a utilisé en concert. Il y a un truc qu’on aime bien : à la fois classe et provoquant, voire frontal.
AURELIE : Et il y a le mélange du "tu" et du "vous". On adore que les gens utilisent le "tu" en s’adressant à nous : nous formons une entité.
Comment avez-vous bouclé cet album ?
AURELIE : On a quasiment pris toutes les chansons qu’on avait écrit : quand on écrit un morceau, on va jusqu’au bout. On n’a pas eu à jeter la moitié de ce qu’on avait fait, contrairement à beaucoup de groupes qui fonctionnent comme cela.
SYLVIE : On s’est souvent dit qu’on était assez efficaces! Pour nous, il n’y a pas eu d’heures, de jours ou de semaines pour écrire une chanson. Quand on s’y met, on s’y met vraiment et on est assez exigeantes.
Vos définitions de la musique de Brigitte ?
AURELIE : Libre, féminine, décomplexée.
SYLVIE : Retrosweet moderne.
Des artistes féminines que vous appréciez?
AURELIE et SYLVIE: Peggy Lee, Billie Holliday, Marilyn Monroe… et Kylie Minogue!
Texte: Sophie Rosemont Photo: Philippe Mazzoni
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Cet album est beaucoup plus personnel que L'Homme Moderne... Aviez-vous moins envie de "jouer"?
Sur le premier album je me suis un peu senti pris au piège dans un personnage, dans une prison que j'avais construit. J'ai tenté d’être plus libre, c'est même la thématique de l'album... Cette lutte entre l'auteur et l’interprète. J'ai eu très peur de l'accueil de ce disque et cela m'inquiète toujours d'ailleurs car j'ai vraiment le sentiment de m'être mis un peu à nu sur certains titres... C'est une impression à la fois très dérangeante et agréable.
Quand et comment avez-vous écrit les morceaux de Deux?
Deux est un album de Pop Instinctive, j'ai commencé à écrire quelques temps avant la sortie du précédent disque, et j'ai fini dans l'urgence... Mais le cadre était présent. Je voulais plus de place pour l'émotion, être moins directif dans le propos que sur tout ce que j'avais pu faire avant.
Comment s'est déroulée votre collaboration avec Frédéric Lô?
Il a été parfait du début à la fin, il m'a beaucoup appris. Après le premier avec Régis Ceccarrelli, j'ai la chance d'être à chaque fois entouré par des réalisateurs de talent. Frederic m'a aussi beaucoup décomplexé par rapport à la composition et la musique en général: étant complétement autodidacte lui-même, il me donne envie d'aller plus loin, il ouvre un peu le chemin.
Si je vous dis "Vertige de l'amour"?
J'aime beaucoup Alain Baschung, je le découvre en ce moment, c'est un artiste sur lequel je n'accrochais pas plus jeune... J'étais très refractaire à tout ce qui n'était pas du rap. Tant mieux, ça me fait beaucoup de chose à connaitre du coup!
Si je vous dit "variations sur le même thème"?
Ce que font tous les chanteurs, non ? La même chanson, perpétuellement. À la recherche de sa forme la plus pure...
Et si je vous dit... "entre gris clair et gris foncé?"
C'est exactement là que je me situe... J'ai du mal avec les gens qui ont une vision binaire du monde.
Texte: Sophie Rosemont Photo: Philippe Mazzoni
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SES CHANSONS. Ma musique, ça ne peut pas être plus moi que moi. J’écris et je compose en même temps, j’ai déjà les arrangements en tête, tout me semble naturel. Il n’y a pas de barrières, ni de protection. Je détesterais me retrouver sur scène à chanter des choses qui ne sont pas vraies. Je ne peux pas me regarder dans le miroir en me disant que je suis une menteuse. Quand je joue pour mon public, c’est la chose la plus sincère que je fais. Et quand je ne suis pas bien, je préfère annuler plutôt que de ne pas offrir le meilleur pour eux.
COUP DE BLUES. J’ai mis beaucoup de temps à me poser des questions, car j’ai enchaîné deux tournages et c’est au milieu de ma tournée que j’ai eu un énorme contrecoup. Je me suis sentie malade, moralement et physiquement. D’autant que le rôle du film dont je sortais, je jouais le rôle d’une hystérique dans les années 80, je devais me frapper, simuler des agressions extrêmement violentes. Aujourd’hui, je viens de remonter la pente, j’ai réussi à me défaire de ce personnage. Pourtant, je n’ai jamais été dans le trip de l’actrice qui se fait dévorer par son métier, mais là, je me suis pris le rôle en pleine face !
PREMIER ALBUM… ENFIN. Travailler dans des studios qui coûtaient cher, ça m’a ruinée et ça ne m’a rien apporté. Je ne pouvais pas produire selon une deadline à respecter. J’ai pensé à plein d’autres idées, comme faire un album entièrement country, avec mandolines, violons et contrebasses. Puis j’ai pris un break, et j’ai continué à écrire dans mon coin, à mon rythme. Prendre mon temps. Celui qui m’a aidé à finir mon album, c’est le producteur Fritz Michell, qui a fait le dernier album d’Elliott Smith. Il a décidé, lui aussi, de prendre le temps. On ne bossait que cinq heures par jour, parce que sinon après tu perds ton intention. Ca a duré huit mois...
NOMADISME. Ca fait un an que je suis partie de Los Angeles, et que je n’ai plus de maison, ni d’amour. Je n’ai fait que travailler. Je ne sais pas quand je pourrais m’y reposer, dans tous les sens du terme. Mais ça ne me dérange pas : j’ai besoin d’être tout le temps en boulimique créative. Paradoxalement, j’ai besoin d’être seule pour écrire, pour digérer mes émotions. J’ai besoin d’une semaine à ne rien faire pour écrire une chanson. C’est pour cette raison que je ne veux pas trop me perdre dans les tournages de films. La musique avant tout!
Texte: Sophie Rosemont Photo: Philippe Mazzoni
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Dans une certaine mesure, les chansons de Pourquoi battait mon cœur sont plus enjouées que d’habitude…
On pourrait même dire que l’album est plus dansant…
On vous y entend aussi engagé - si ce n’est politisé ?
L’histoire d’amour idéale ?
Texte: Sophie Rosemont Photo: Philippe Mazzoni
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DETROIT. J'ai grandi à 15 minutes au nord de Detroit. J’ai grandi dans une banlieue middle-class normale, mais je passais mon temps downtown, et les enfants que je fréquentais dans mon voisinage sont devenus médecins, avocats, hommes d’affaires. Mais c’était ceux qui faisaient de la musique qui étaient downtown qui me semblaient intéressants. Et c’est avec eux que je sortais pour aller aux concerts. Vers 17 ans, je me suis rendu compte que je voulais en faire ma carrière. Alors je suis allée a Chicago avec l’aide de mon père, et tout a commencé…
INFLUENCES. Ma mère a été en classe avec Stevie Wonder. Il y a tellement de musiques qui sont sorties de cet endroit. Tellement de choses s’y sont déroulées que c’est dur de ne pas être influencée par ça aujourd’hui. C’est une légende qui nous a tous imprégnés. Mais j’aime aussi la country, le punk, PJ Harvey ; je ne veux pas me limiter à un son seulement. Et je tiens à préserver cette diversité d’influences.
LES DEBUTS. Les premières années de musique étaient frustrantes car j’essayais de percer sans vouloir quitter Detroit. Detroit, c’est ma maison et c’est là-bas que je rentre toujours pour écrire, dans le sous-sol de ma maison, chez mes parents. Et puis quand tu es jeune tu as besoin de qqn pour t’aider. On écoutait mes démos et on me comparait à Kate Perry, je trouvais ça désespérant. Je devais bouger. C’est comme ça que j’ai écrit « Choice Note ». Je me souviens : je suis rentrée ouvrir une bouteille de Jameson pour mieux écrire, tu sais. Il fallait stimuler ma créativité.
UN MODELE. Kate Bush. Je l’aime beaucoup. Et elle est vraiment la femme d’un show, elle me déroute, elle est tellement mature dans son travail. C’est impressionnant. Elle fait tout. Je ne m’y compare pas mais je vois en elle quelque part ce que j’aimerais donner plus tard et j’aime cette comparaison. Surtout, elle fait partie des artistes comme PJ Harvey, qui ne se laisse pas imposesr d’écrire un tube pour qu’on lui permette de faire un album. C’est tellement humiliant.
L'ALBUM. Ce qui m'intéresse, et ce qui est devenu le sujet de mon album, c'est la manipulations des plus faibles. Entre temps j’ai regardé aussi pas mal de documentaires sur des niches, ou minorités, mais aussi sur la manipulation des grand de ce monde et comment cela influe sur ces minorités justement.
Ce qui m’intéresse dans les autres est aussi lié à mes confrontations personnelles. Un jour, quelqu’un m’a dit que je devais aller en enfer car je suis juive et j’étais estomaquée. Certains sont tellement convaincus de ce qu’ils disent que cela en devient flippant, de voir ce en quoi arrive à croire les gens et comment ils se font manipuler ou influencer sur ce genre de croyances.
Partout ailleurs, l’album s’appelle King Con (grand manipulateur en anglais), sauf qu’on m’a dit qu’en France c’est une insulte !
Texte: Sophie Rosemont Photo: Philippe Mazzoni
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