HEATHER
GENÈSE. J'ai rencontré Erika dans un bar; c'était la petite copine d'un de mes amis et il voulait me la présenter. Je n'oublierai jamais ce moment où elle a traversé la pièce vers nous - elle avait cette allure de it-girl qui m'a donné envie de la connaître davantage. Elle m'a invitée à venir jouer de la musique chez elle avec Annie, que je n'avais jamais vue auparavant... Je me souviens avoir pensé qu'Annie était l'une des personnes les authentiques et gentilles au monde. À cet instant précis, j'ai su que je voulais passer plus de temps avec ces deux filles-là. Ensemble, nous réussissons à rester nous trouver chacune.
MOVE IN SPECTRUMS. C'était faire un autre album très porté sur les claviers sans pour autant sonner comme ses trois prédécesseurs. Les thèmes sont ceux qui m'intéressent le plus: grandir, être amoureux, observer les choix des autres à prendre un chemin plutôt qu'un autre. Le son est plus minimal, clair, les rythmiques plus relevées. De Madonna à Santigold, nous avons écouté beaucoup de choses dansantes...
MEILLEUR SOUVENIR. Jouer aver AIR à Paris. Apprendre à jouer leurs chansons et leur enseigner les nôtres, c'était un rêve devenir réalité. Je suis une énorme fan de ce groupe depuis l'adolescence.
PIRE SOUVENIR. De très mauvais concerts, comme cela peut arriver en dix ans de groupe... Cependant, j'ai réalisé au fil des années que ce je considérais comme une mauvaise performance n'était pas forcément reçu en tant que tel par le public. Et ça remet les choses en perspective. Sur scène, il m'est aussi arrivé de pleurer - mais je n'en suis pas très fière!
Texte: Sophie Rosemont Photo: Philippe Mazzoni
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CLÉMENT DAQUIN
Pourquoi et comment ce premier (deuxième) album "assumé" en solo, si l'on peut dire?
Mon premier album Mange-Disque, était l’album de toutes les découvertes. Travailler avec des musiciens, tâtonner avec les machines, enregistrer soi-même ses morceaux, construire un projet un peu fou depuis une petite cave... J’avais l’ambition d’écrire de la musique mais je n’avais jamais chanté, au début ça ne me venait même pas à l'esprit!
J’ai donc construit cet album avec un ancien ami de lycée Alio au chant, et Nicolas, futur bassiste des Bewitched Hands. Le problème, c’est que j’avais une idée tellement précise - justifiée ou non- de là ou je voulais aller que je ne leur laissais que peu de place pour s’exprimer. Plus ça avançait, plus je me mêlais des textes, plus je voulais les interpréter puisque c’était les miens. Ils en devenaient presque "mes" musiciens, et je pense qu’ils n’avaient pas signé pour ça à l'origine. Le départ de Nico pour les Bewitched naissants m’a finalement permis de tout refondre et de repartir à zéro sur des bases claires. Puis il a fallu apprendre a chanter, à l’assumer, j’avais envie de piano pour la deuxième moitié de l’album donc j’ai commencé le piano, etc, etc. Cela a pris un peu de temps, mais j’y suis arrivé.
Votre première collaboration musicale ?
Je pense que toute première collaboration musicale est marquante, dès lors qu’on construit quelque chose... C’est assez magique. Mes premieres "partouzes musicales" avec KIM, pour le citer, restent un évènement important. Je l’ai accompagné sur de nombreuses dates entre 2009 et 2010, avec mon batteur Thomas. Kim vient du rock, il a une longue experience de la scène. Avec lui, la musique se fait sur le vif, peu importe si on a déja répété ce morceau avant ou pas ou que la guitare soit accordée ou non. Cela donne des concerts de 45mn qui finalement durent 2H30, avec une énergie folle. J’en redemande.
Le premier concert en solitaire?
C’était a la Cartonnerie, a Reims, début 2009. Un vrai challenge, je devais me prouver quelque chose. De cette tentative découle l'ossature ma formule live actuelle, c’était plutôt formateur.
Le premier morceau travaillé pour cet album à venir?
"Hypoballad", qui ouvre l’album. L’ordre des titres est quasiment chronologique, il raconte une histoire, il évolue par la musique, les sons, les mots. La fin était prévue depuis un moment, mais c’était important que je suive une temporalité pour créer un fil conducteur - que cet album grandisse en même temps que moi.
La première fois que vous avez pensé: "la musique, et rien d'autre?"
Je pense que je me suis dit ça assez vite, dès que j’ai touché ma première guitare - assez tard - dans ma chambre d’internat. Je suis passé de rien à une boulimie incontrôlable.
Mais le vrai virage s’est produit en 2006, en quittant mon job de designer a Paris pour me consacrer uniquement a la musique. J’avais plusieurs projets en route, dont ALB et Klanguage - mon premier groupe avec Yuksek. Alors qu’après deux ans je demandais a mon boss de réduire encore mon temps de travail pour consacrer plus de temps à la musique, il m’a mis au chômage en m’offrant le gros ordinateur sur lequel je faisais les images 3D. Et avec lequel j’ai pu enregistrer mon premier album! C’est lui qui m’a mis le pied a l’étrier, je ne sais pas si j’aurais passé le cap aussi brutalement tout seul. Je lui en serais éternellement reconnaissant. Ce n’est pas une anecdote très passionnante, mais je n’ai jamais eu l’occasion de le remercier... c’est chose faite.
Texte: Sophie Rosemont Photo: Philippe Mazzoni
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BENOIT LAMBIN
PENDENTIF. C'est quitte ou double, les gens peuvent détester. C'est le nom dela toute première chanson qu'on a composée, qui avait un un rapport à ce nom masculin porté par les filles... Cela traduisait bien la mixité du groupe. Il y a là une valeur romantique, affective, un pendentif peut être le don de la grand-mère ou de l'amoureux. Et, de plus, c'est un mot très français.
LE FRANÇAIS, justement. Il existe ces figures titulaires, tels Jacques Brel ou Léo Ferré, assortis d'une musique très sérieuse, et plus il y a Serge Gainsbourg, qui arrive aussi bien à faire "La Javanaise" que "L'Ami Caouette". Il a sublimé la pop et, d'après nous, a décomplexé la langue française. Michel Polnareff a lui aussi fait appel à de musiciens anglo-saxons... Je chantais déjà en français avant, et le challenge de Pendentif était à relever. Il y a encore peu de formations pop dans l'hexagone, donc un terrain créatif encore à défricher. Nous sommes aussi influencé par des groupes anglo-saxons très contemporains. Avant de mettre un texte en avant, on cherche avant tout la musicalité. Sur l'album, les mélodies sont venues avant les paroles, qui naissent d'abord en franglais, avant que quelques phrases déterminent l'ADN de tel ou tel morceau. C'est une vraie liberté musicale.
PERSONNALITÉS. Jusqu'ici, nous avons marché à l'instinct. Nous nous sommes aperçus que notre groupe ne pourrait pas toujours creuser le même sillon de la surf pop et de la ligne claire. Les derniers titres en date sont plutôt groovy, portés par la basse. Nos envies conduisent notre musique. Lorsque nous avons assuré les premières parties d'Indochine, on nous a chatouill... Mais nous n'avons rien contre la variété, qui peut très souvent flirter de près avec l'underground. Notre challenge: faire un morceau très populaire, mais de qualité.
L'AMOUR. Certains sont timides avec leurs émotions. Nous, pas du tout ! Nos paroles ne s'encombrent pas de pudeur. Nous aimons dire "je t'aime" en frontal, et la voix ingénue de Cindy est idéale à cet effet. Nous avons des goûts très différents, mais nou nous sommes d'accord sur la séduction, la musique sexy, de Prince à Sébastien Tellier.
MAFIA DOUCE. En allant en répète, en voiture, nous cherchions des termes jouant sur les contrastes, tels Fantaisie Militaire de Bashung… La Mafia Douce, ce sont des gens qui t'entourent: ta famille, tes potes, tes amours, ceux qui te supportent ou à qui tu vas taxer des clopes. Le groupe est très soudé, nous sommes très proches les uns des autres. Avec Mafia Douce, nous avons scellé un pacte.
Texte: Sophie Rosemont Photo: Philippe Mazzoni
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JONATHAN VERLEYSEN
Etre frères dans le même groupe, cela présente des avantages comme des inconvénients... Comment le vivez-vous, vous?
La musique nous a littéralement réunis, Maxime et moi. Nous nous voyions peu avant de commencer à composer ensemble. Un jour, Max a eu envie d'enregistrer un début de chanson chez moi pour et nous avons réalisé le plaisir que nous avions à composer ensemble. Nous n'avons que deux ans d'écart et une histoire commune... ça permet d'être branché sur le même courant. Nous finissons fréquemment les ébauches de l'autre et nous avons suffisamment confiance pour laisser l'autre juger de notre travail. Dans la composition, nous laissons nos égaux de côté, la chanson étant au-dessus de tout. En revanche, être frères exacerbe toutes nos émotions, et nous explosons autant dans nos colères que dans nos joies. C'est aussi un moteur: nous aimons ce groupe aussi parce que nous l'avons créé ensemble.
Elephanz... Hommage aux White Stripes? À David Lynch? À Gus Van Sant?
Difficile quart d'heure que celui du choix du nom. On a d'ailleurs pas voulu y accorder plus de temps que ça: au début, nous pensions d'abord à une interface pour faire écouter nos chansons qu'un réel groupe de musique. Nantes venait d'acquérir son Elephant mécanique géant, mais je ne sais plus si c'est vraiment cela ou le film de Gus Van Sant qui nous a soufflé l'idée. Nous l'avons écrit et le mot nous a paru assez graphique. Nous l'avons répété plusieurs fois pour écouter le son que ça faisait... On a rajouté le Z après, pour avoir un nom rien qu'à nous.
"Time For A Change" est le morceau qui vous a fait découvrir du public. Quelle est son histoire?
Nous avons écrit "Time For A Change" un après-midi d'hiver, à Nantes. Nous étions assez moroses, je crois, et nous avions besoin d'écrire quelque chose de gai et d'épique. D'habitude, nous composons toujours la mélodie et la musique d'abord, sur un anglais phonétique qui n'a aucun sens, et le texte définitif vient quelques jours après. Sur cette chanson, la mélodie du refrain est venue en même temps que le texte. C'est peut-être un détail, mais c'est la seule chanson de tout l'album qui n'a jamais eu de brouillon.
Texte: Sophie Rosemont Photo: Philippe Mazzoni
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HANNAH REID, DANIEL ROTHMAN et DOT MAJOR.
Une musique?
En ce moment, l’électronique. On a mis du temps pour s'y plonger, mais on n'arrive plus à en sortir. C'est comme entrer dans un monde avec des millions de possibilités.
Une chanteuse?
Anna, la nôtre! Sa voix a beaucoup changé en l'espace de deux ans. Elle est à la fois très affirmée et fragile.
Un chanteur?
Jeff Buckley, qui, en plus de cela, jouait divinement bien de la guitare et écrivait des chansons à se damner. Une grande influence partagée par nous trois.
Un écrivain ?
Simone de Beauvoir : une intellectuelle engagée, indépendante, envers et contre tout.
Un personnage féminin de fiction?
N'importe quelle jeune femme de Jane Austen, que nous avons beaucoup lue à la fac. Nos toutes récentes études littéraires à Nottingham nous poursuivent.
Un personnage masculin de fiction?
Le parrain du livre de Mario Puzzi, joué par Al Pacino dans l'adaptation de Francis Ford Coppola. Notre trio, c'est comme une petite mafia... Notre code d'honneur est instransigeant.
Un conte de fée ?
Peter Pan. Nous ne voulons sans doute pas vraiment grandir, même si tous les événements des derniers mois nous ont forcé à prendre un peu de plomb dans la cervelle.
Un langage?
London Grammar, of course!
Une sensation?
Celle d'être ému au point d'en trembler. Ce que l'on ressent en écoutant une soul hyper expressive ou une électro très épurée.
Un rêve?
Pour cela, il faudrait récupérer le sommeil de nos nuits...
Texte: Sophie Rosemont Photo: Philippe Mazzoni
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