Bandes Sonores

Reza-Philippe-Mazzoni

Peux-tu revenir sur la genèse de cet album?

L'album précédent, Supermaan, est sorti au printemps 2012. En début 2013, j'ai commencé à maquetter de nouveaux titres. Je faisais tranquillement ma tambouille quand, par chance, on nous a proposé de faire une belle petite tournée dans des salles de cinéma où on jouait un court concert en ouverture du très beau western Les amants du Texas. J'avais embarqué avec moi le multi-instrumentiste Antoine Pinet (de H-Burns) pour m'accompagner sur scène. Nous avons profité de l'occasion pour arranger mes nouvelles chansons ensemble et les roder en live... Nous nous sommes bien entendu et on a eu envie de continuer ce travail dans l'optique d'un album. C'est vraiment ce qui a tout accéléré. Quelques mois après nous étions en studio en train d'enregistrer. C'est notre fidèle et talentueux producteur William Rigout qui était aux manettes comme pour l'album précédent. Et les non moins talentueux Jérôme Pichon (Melody's Echo Chamber, Canari), Julien Grattard (Imany) et David Simard sont aussi passés en studio pour participer aux enregistrements.

Au delà du son, il y a aussi l'image... En quoi cet univers visuel, longuement étudié pour accompagner la musique, est-il si important à tes yeux?

Ça faisait très longtemps que j'avais envie de ça. J'ai commencé à enregistrer des albums à peu près au moment où l'agonie du compact-disc a commencé sa phase terminale. Pour les disques précédents, j'avais déjà très envie de travailler le côté objet pour que le support soit une extension de l'album et que les chansons débordent un peu sur la pochette et tout l'artwork. Pour Tornado, j'ai eu la chance de rencontrer Mathieu Persan et de réaliser ces idées. Il a instantanément compris ma démarche. Ça a été une très belle collaboration. Avec ses illustrations, Mathieu raconte chaque chanson avec sa propre sensibilité et selon sa propre inspiration. Les illustrations ne sont pas seulement graphiquement très belles, elles racontent vraiment l'histoire de l'album.

Quels sont les artistes qui t'ont donné envie de faire de la musique?

Je pourrais citer une cinquantaine d'albums que j'ai pu vraiment adopter et m'approprier au fil des années. Adolescent, je jouais de la basse dans des petits groupes de rock très électriques. On écoutait les Smiths, les Cure, Nick Cave ou Joy Division. C'est une période qui a du avoir son importance. Mais c'est vraiment la découverte des albums de Leonard Cohen qui a déclenché la suite. Je me souviens comment l'intimité confondante de ses Songs from a room ou Songs of love and hate me donnait le vertige. A 18 ans, j'avais enfin trouvé mon héros. Moi qui n'aimais pas trop le coté un peu écervelé et défoncé de certaines stars du rock dont j'aimais par ailleurs la musique … Dans Cohen il y avait tout. Et surtout cette poésie immense et profonde qui laissait malgré tout de la place aux mélodies et à la musique - sans les renvoyer au second plan comme souvent dans la chanson française. Et cet anglais magnifique, fluide et mélodieux. Une œuvre intemporelle.

Ton plus grand rêve ?

Un duo avec Jeff Tweedy peut-être ? Plus sérieusement, mon plus grand rêve aujourd'hui, alors que notre nouvel album Tornado vient de sortir, ce serait de pouvoir en enregistrer un autre. De démarrer une nouvelle aventure et pouvoir aller jusqu'au bout. Et ma plus grande peur ce serait de ne pas avoir cette possibilité, quelles que soient les raisons.  Ça peut paraître dérisoire, on peut penser que ça c'est acquis et qu'il suffit d'en avoir la volonté. Or, en réalité ça devient de plus en plus compliqué. Il faut presque un petit miracle pour pouvoir aller jusqu'au bout de ce genre de projets aujourd'hui.

En concert aux Trois Baudets le 16 juin.

Texte: Sophie Rosemont Photo: Philippe Mazzoni

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